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En 2013 et 2014, une nouvelle phase de travaux était engagée au théâtre de Caen : principalement en lien avec la cage de scène, avec notamment l'automatisation des cintres.

Cinquante ans après son inauguration en 1963, le théâtre de Caen présentait des signes d'usure, principalement au niveau des espaces techniques et de sa cage de scène. La cage de scène est le cœur d'un théâtre, là où se prépare le spectacle. Les scénographies modernes n'étant plus du tout réfléchies de la même manière que dans les années 60, il devenait de plus en plus difficile pour les équipes techniques de charger sur les porteuses - elles-mêmes accrochées sur un gril en acier qui avait fait son temps - des décors de plus en plus lourds et sophistiqués, des projecteurs de plus en plus nombreux soulevés jusqu'alors à la force des bras ! 
C'est d'après ce constat qu'il a été convenu d'entreprendre des travaux de rénovation et d'informatiser les cintres. La plupart des théâtres avec lesquels le théâtre de Caen collabore ayant déjà franchi le pas de l'automatisation des cintres, il était parfois difficile d'accueillir des spectacles créés chez ces derniers. Ces importants travaux, bien qu'essentiel, n'étant pas visibles du public, il a été convenu que les parties publiques feraient également l'objet de quelques aménagements. (timelapse © Grégory Forestier / théâtre de Caen).

 

CÔTÉ COULISSES
L'automatisation des cintres
Une cage de scène est comme une énorme cheminée au haut de laquelle se trouve le gril, suspendu à 21m, lequel supporte toutes les charges. Les changements de décors pendant le spectacle se faisaient manuellement par nos cintriers répartis entre la passerelle de charges et la passerelle de pilotage. Un système complexe de cordages reliant des porteuses contrebalancées par des contrepoids permettait d’équiper et manœuvrer les décors, rideaux et éclairages nécessaires au bon déroulement des spectacles. 
Le théâtre de Caen dispose aujourd’hui d’un système entièrement motorisé, commandé à partir d’un pupitre informatique. Associé à un nouveau complexe gril/faux-gril, il permet l’équipement de décors plus importants et un contrôle de la vitesse, de l’altimétrie et de la charge des manœuvres. Chaque porteuse peut ainsi supporter une charge de 500 kilos, soit 300 kilos de plus qu’auparavant. 
Ces travaux permettent de gagner en puissance et en sécurité et d’opérer des manœuvres plus complexes. Cette partie des travaux, la plus importante du programme, a nécessité d’avoir la cage de scène à ciel ouvert durant plusieurs semaines. La toiture de la cage de scène et le lanterneau ont été par la suite entièrement reposés.

Les dessous de scène
Les dessous de scène n’offraient pas beaucoup de liberté. Divisés en rues et costières, les possibilités d’apparition du dessous vers le plateau étaient très limitées. Aujourd’hui, le nouveau plancher du plateau est « détrappable » à l’envi sur une superficie de 190m2. L’atelier des techniciens est installé au sous-sol en lieu et place des locaux techniques de traitement d’air déplacés sur le toit. Les techniciens jouiront désormais d’un vaste espace de travail pour la création ou la réparation des éléments de décor. Un élévateur monte-décors a été installé pour permettre de faire passer les décors du quai de livraison sur le parking du théâtre à cet atelier.

Création d'une liaison entre cour et jardin
Juste derrière le plateau se trouvait l’entrée empruntée par les artistes et le personnel du théâtre pour accéder aux loges, à la salle de répétition, aux bureaux administratifs. La seule possibilité pour passer de ces espaces aux espaces publics était de traverser le plateau. Aujourd’hui, la circulation autour de la scène a été revue. Un couloir a été créé pour permettre de se rendre d’une partie à l’autre du théâtre sans traverser l’espace scénique. Sur le côté cour de la scène, une loge d’attente réservée aux artistes avant qu’ils ne montent en scène a aussi été créée avec une loge maquillage pour les retouches en cours de spectacle.

Amélioration du rangement des fauteuils
Le proscenium remplit trois fonctions. Au niveau haut, il sert d’avancée de scène. La scène se trouve alors agrandie, très appréciée par les chorégraphes invités. Au niveau intermédiaire, on y installe jusqu’à 45 fauteuils augmentant ainsi la jauge de la salle. Au niveau bas, il sert de fosse d’orchestre, accessible depuis la loge des musiciens au niveau -1 par rapport à la scène. La fosse d’orchestre peut accueillir 60 musiciens et leur chef.
Quand le proscenium n’était pas utilisé au niveau intermédiaire, il fallait trouver un endroit pour stocker les fauteuils. Aujourd’hui un espace leur est dédié directement.
 

CÔTÉ PUBLIC
La salle : esthétique et confort
La jauge de la salle restera sensiblement la même, soit 1079 places. La nouvelle salle comptera jusqu’à 20 emplacements pour les personnes en fauteuils roulants sur des plateformes créees en fond de salle. Le rouge et le gris, couleurs qui prévalurent à la rénovation de 1991, restent les mêmes.  Le confort de la salle est amélioré. Tous les fauteuils ont été changés. Le gradinage de la salle en béton ne pouvant être détruit l’espacement entre les rangées de fauteuils reste le même.  Cependant, l’ergonomie de ces nouveaux fauteuils offrira plus d’espace entre l’assise et la rangée devant.  Le nouveau système de renouvellement d’air installé en toiture sera plus efficace, évitant l’inconfort thermique au second balcon pendant les représentations.

L'accueil amélioré des personnes en situation de handicap
Le changement de fauteuils dans la salle a permis de créer 20 emplacements dédiés à l’accueil de fauteuils roulants notamment grâce à des plateformes en fond de salle. 

La régie en fond de salle
Certains spectacles demandaient parfois l’improvisation d’une régie. Il fallait alors condamner une rangée de la salle pour accueillir cette régie. Aujourd’hui, une régie en fond de salle a été créée sans qu’il n’y ait plus besoin d’amputer la jauge d’une rangée de fauteuils.

La remise à neuf des sanitaires
Les sanitaires dataient de la reconstruction du théâtre. Vieux de cinquante ans, ils ont été entièrement changés offrant à chaque étage et de chaque côté de la salle un sanitaire pour les personnes à mobilité réduite.

Peintures et moquette
Les peintures et la moquette sont celles de la rénovation de 1991. Une nouvelle moquette dans la salle et les foyers a été installée. Et les peintures des foyers ont été entièrement refaites.

Sécurité
Un système de désenfumage hall/foyers a été installé, pour les cas d’incendies. 

Traitement de l'air
Les passants levant la tête vers le toit du théâtre auront remarqué une nouvelle structure. Il s’agit de la centrale de renouvellement d’air de la salle. C’est le seul élément qui modifie l’aspect extérieur du bâtiment. Un renouvellement d’air doit se faire du haut vers le bas. L’ancien traitement d’air situé au niveau -1 par rapport au plateau se faisait donc du bas vers le haut. C’est pourquoi, la centrale de renouvellement d’air a été installée sur le toit du théâtre.

Cadre[s] de scène : les photographies des travaux par Philippe Delval

Un étrange ballet s’est joué ces derniers mois au théâtre de Caen. Mis à nu, le théâtre est devenu son propre décor, son propre spectacle où ont évolué dans une chorégraphie inédite tous les corps de métier : démolisseurs, électriciens, soudeurs, carreleurs, peintres, menuisiers, charpentiers, staffeurs, chauffagistes, poseurs de moquettes et fauteuils... Ce spectacle inédit, éphémère et sans public jusqu’à ce jour, Philippe Delval l’a photographié quotidiennement de septembre 2013 à 2014. 

© Philippe Delval / théâtre de Caen