Le théâtre de Caen rend hommage au metteur en scène, Jean-Marie Villégier, metteur en scène d’opéra et de théâtre, décédé ce mardi 23 janvier à 86 ans. Intimement associé à l’histoire du théâtre de Caen, il a profondément marqué son projet artistique.
Jean-Marie Villégier aura joué un rôle majeur dans le renouveau de l’opéra baroque en France et la construction de l’identité lyrique du théâtre de Caen. Tout commence avec la production d’Atys, un opéra de Lully, en 1987. À ses côtés, au pupitre, le chef William Christie, à la tête de son célèbre ensemble Les Arts Florissants. Produit par l’Opéra-Comique et le Teatro Communale de Florence, l’opéra fait halte au théâtre de Caen pour l’unique représentation en dehors de Paris. Succès phénoménal, public en liesse, la production fait date et école ! Elle signe le regain du public français pour l’opéra baroque. La production est remontée en 1992 avec une nouvelle halte au théâtre de Caen, une tournée nationale et un voyage à la Brooklyn Academy à Ney York. Elle sera à nouveau reprise en 2011 à la demande exceptionnelle d’un mécène américain – un fait rarissime à l’opéra.
Mais ces dates caennaises ont aussi impulsé le projet de résidence des Arts Florissants au théâtre de Caen ! « C’est la disparition d'un compagnon de route que j'ai énormément aimé, pour qui j'ai une grande affection et une reconnaissance sans mesure. Il m'a appris beaucoup de choses. Je dirais que ce parcours que j'ai fait, dans la musique et en particulier dans ce répertoire vaste et merveilleux qu'est le répertoire lyrique français de la fin du XVIIe et du XVIIIᵉ siècle, a été guidé, et rendu cohérent, par cet extraordinaire personnage », reconnaissait William Christie aujourd’hui mercredi 24 janvier, au micro de France Musique. Le tandem poursuivra sa collaboration durant quelques années sur des productions : Médée de Charpentier dont la première eu lieu au théâtre de Caen en 1994, Hippolyte et Aricie en 1996 – un spectacle que le théâtre de Caen emmènera à la Brooklyn Academy.
Grand amoureux du répertoire baroque, mais aussi de théâtre classique, Jean-Marie Villégier mettait en scène Molière, Corneille, Racine et d’autres auteurs moins connus comme Mairet, L’Hermite. Il signe notamment Cinna de Corneille et La Mort de Sénèque de Tristan L’Hermite à l’invitation de la Comédie-Française. De Molière, il mettra aussi en scène L’Amour-Médecin et Le Sicilien ou l’Amour peintre avec Jonathan Duverger sous la direction de William Christie. Puis Dom Juan quelques années plus tard.
Cet agrégé de philosophie avait d’abord été recruté dans les années 1970, au Centre universitaire international de formation et de recherche dramatiques à l'Université de Nancy, puis il fut assistant en histoire du théâtre et du cinéma. En 1990, il prend la direction du Théâtre national de Strasbourg. Il avait également créé sa propre compagnie, L’Illustre Théâtre, en hommage à Molière. Ces dernières années, il s’était retiré en Bretagne. « Lui restaient ses livres, son cher XVIIᵉ siècle, Flaubert, la musique et la danse baroque. Chaque année, il réunissait autour d’un dîner les amis du défunt Illustre Théâtre. Il n’était pas amer, toujours amoureux de littérature et de poésie derrière ses lunettes ovales en métal argenté », dévoile Fabienne Pascaud dans un article paru hier dans Télérama.